samedi 31 juillet 2010



L’œil du grand pin.


Mon âme brisée sous la tourmente de souvenirs amers
invoquait le souffle apaisant d’un rivage ombré de hautes dunes
embrassées d’eaux calmes aux vagues alanguies.

Les océans de nostalgies qui hantent mon esprit m’ont échoué où n’existe l’ombre d’un ami
sinon celle d’un grand pin auquel je me confie.

Pilier de l’immuable il est l’axe de puissances enracinées où se lient
entre le ciel et la terre les brins d’espace et de matière que tapisse le temps.
Il porte les mystères des ères intemporelles où le réel transcende l’irréel
et le visible révèle l’invisible.
Auprès de lui je songe et sais l’enfant d’une même terre au murmure
du vent bruissant dans ses ramures
où fondent toutes les voix en ondes de silence bercées d’éternité.

Je l’ai regardé longtemps en m’ouvrant sur son monde.

De fines volutes de fumée légers foulards de brume dansaient
caressant le tronc que mon regard embrassait.
Elles irradiaient en leurs cœurs
un souffle de lumières traçant autour de l’arbre
l’envol de myriades de flèches argentées.
L’arbre magnifié se revêtit de sombre.

Une aura scintillante approcha lentement se parant de turquoise serti de fils dorés.
Sa danse épurée attira une autre lueur lointaine
du fond de ciel ténébreux que l’arbre avait créé.
Un cercle orange très doux aux reflets jaune-clair subtilement mariés
grandit au sein de l’émanation constellée de bleus éthérés.
Les couleurs se mêlant prirent la forme d’un œil à la prunelle orangée
baignant dans l’iris bleuté d’un océan de paix.

Les cils maquillés d’or de cet orbe azuré
s’étiraient dans le noir jusqu’aux voiles diaphanes dont l’arbre était paré.
L’œil élargit ses couleurs enlacées en deux fils irisés
révélant en étoiles nimbées d’aurores ignorées l’harmonie secrète
de galaxies immaculées.

Grand arbre que me dit le silence où s’égrène ton temps,
quel est le message sans mots de ce regard sublime ?
Mes yeux sauraient-ils voir un de ces univers où la sagesse te guide,
pourraient-ils concevoir le cosmos tout entier et connaître ces mondes
où l’esprit sans se perdre peut vagabonder, découvrir, apprendre, aimer la beauté ?

Embarque tout ton être redeviens pur esprit et navigue sans crainte.
Fendant les ondoiements charmeurs des vagues opalines
tu aborderas la paix sur un vaisseau chatoyant d’éternelles euphonies
qui dissipent en tourbillons les pensées insipides !

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