samedi 31 juillet 2010
Son nom "Agombiso", celui qu'on n'a pas suivi! Mon plus proche voisin sur le lac Évaro, du coté de Lambaréné Gabon!
Extrait de, Érér'ikamba La parole de l'arbre.
... La boussole m’avait mené plus d’une fois vers des hommes de cette trempe qui avaient choisi de vivre seul en forêt, ils avaient ce même regard intense aussi perçant qu’une javeline immense qui met face à son âme n’importe quel humain ! Ils n’attendaient rien de personne sinon peut-être l’occasion imprévue de parler à un de leurs semblables plutôt qu’à leur fusil ou à leur chien. Ils avaient compris le langage du temps en ne comptant plus ses pas, ils le regardaient sans angoisse dans la course rapide du vent ou la marche lente des nuages. Ils savaient tout de la vie et de son autre facette et ne s’inquiétaient ni de l’une ni de l’autre. Ils attendaient en se débrouillant pour vivre que le ciel et la terre décident de leur sort recherchant en brousse le sens de l’humain, ce qu’ils savaient des avatars de l’existence et de la misère des hommes leur suffisait amplement. Ils redécouvraient la vie au sein de la forêt. Ils n’avaient plus que des besoins simples, un peu de nourriture et du tabac ou pourquoi pas le son d’une voix mais distinguaient toutes les dissonances en fixant silencieusement les yeux chargés de fausse mansuétude. Ils souriaient des regards incrédules face à la sagesse profonde où les menait la vie qu’ils avaient choisie. La différence explosait à travers l’œil de leur conscience et les menait à partager ou non cette science, cette pensée pure que la forêt leur apportait. Ces solitaires savent tout des regards, de tous les regards et reconnaissent d’un trait ce qui fait d’un homme un être humain. Ils voient très clairement à travers l’œil de celui qui pense en être supérieur l’épaisseur de sa médiocrité. Ils ressentent de la tristesse face à celui qui ne saura jamais ni pourquoi il existe ni qu’il doit ne plus être. Eux peuvent tout voir, dire ou expliquer pour peu qu’on leur apporte un peu d’authentique bienveillance ils retrouvent le goût du rire et peuvent tout partager. Ils savent toujours les signes que les humains échangent et la valeur qu’il faut leur accorder. Il suffit de connaître un seul d’entre eux et vouloir l’écouter, d’essayer de savoir sincèrement qui il est pour devenir autre et plus riche d’humanité, en regardant ses yeux on élève son âme, on y voit qui l’on est et son propre devenir. En échange de quelques aliments et d’un minimum de respect, il soigne l’esprit et apprend à reconsidérer les limites fixées à l’univers que l’on croyait connaître. À travers ces hommes j’ai appris en partie ce que vivre et vieillir puis continuer ailleurs son périple singulier représente et veut dire ! ...
L’œil du grand pin.
Mon âme brisée sous la tourmente de souvenirs amers
invoquait le souffle apaisant d’un rivage ombré de hautes dunes
embrassées d’eaux calmes aux vagues alanguies.
Les océans de nostalgies qui hantent mon esprit m’ont échoué où n’existe l’ombre d’un ami
sinon celle d’un grand pin auquel je me confie.
Pilier de l’immuable il est l’axe de puissances enracinées où se lient
entre le ciel et la terre les brins d’espace et de matière que tapisse le temps.
Il porte les mystères des ères intemporelles où le réel transcende l’irréel
et le visible révèle l’invisible.
Auprès de lui je songe et sais l’enfant d’une même terre au murmure
du vent bruissant dans ses ramures
où fondent toutes les voix en ondes de silence bercées d’éternité.
Je l’ai regardé longtemps en m’ouvrant sur son monde.
De fines volutes de fumée légers foulards de brume dansaient
caressant le tronc que mon regard embrassait.
Elles irradiaient en leurs cœurs
un souffle de lumières traçant autour de l’arbre
l’envol de myriades de flèches argentées.
L’arbre magnifié se revêtit de sombre.
Une aura scintillante approcha lentement se parant de turquoise serti de fils dorés.
Sa danse épurée attira une autre lueur lointaine
du fond de ciel ténébreux que l’arbre avait créé.
Un cercle orange très doux aux reflets jaune-clair subtilement mariés
grandit au sein de l’émanation constellée de bleus éthérés.
Les couleurs se mêlant prirent la forme d’un œil à la prunelle orangée
baignant dans l’iris bleuté d’un océan de paix.
Les cils maquillés d’or de cet orbe azuré
s’étiraient dans le noir jusqu’aux voiles diaphanes dont l’arbre était paré.
L’œil élargit ses couleurs enlacées en deux fils irisés
révélant en étoiles nimbées d’aurores ignorées l’harmonie secrète
de galaxies immaculées.
Grand arbre que me dit le silence où s’égrène ton temps,
quel est le message sans mots de ce regard sublime ?
Mes yeux sauraient-ils voir un de ces univers où la sagesse te guide,
pourraient-ils concevoir le cosmos tout entier et connaître ces mondes
où l’esprit sans se perdre peut vagabonder, découvrir, apprendre, aimer la beauté ?
Embarque tout ton être redeviens pur esprit et navigue sans crainte.
Fendant les ondoiements charmeurs des vagues opalines
tu aborderas la paix sur un vaisseau chatoyant d’éternelles euphonies
qui dissipent en tourbillons les pensées insipides !
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